Je réponds aujourd’hui à une question qui revient régulièrement, suite à l’affirmation de certains professeurs qui prétendraient qu’il est préférable d’apprendre une langue sans traduction.
Enseigner l’arabe, ou toute autre langue, sans traduction est possible lorsque la personne est immergée continuellement dans un environnement arabophone, avec des interactions réelles et répétitives, dans des contextes multiples et variées.
Toutefois, lorsque ce n’est pas le cas, et que l’on étudie une langue à travers une méthode écrite ou un programme en ligne, c’est tout simplement irréalisable et irréaliste pour les raisons suivantes :
1) IMAGE = MOT ?
Les images peuvent porter à confusion. En effet, lorsqu’on voit un chat, comment savoir si le mot que l’on veut enseigner est : chat, chatte, animal, mammifère…
Quand on veut transmettre des concepts abstraits, tels que « paix » , « générosité » , « sympathie », « affection » , on voit bien que cela devient totalement impossible de faire deviner avec certitude de quoi il s’agit.
2) EXPLIQUER LA GRAMMAIRE ET LA CONJUGAISON
De même, pour comprendre les règles de grammaire et de conjugaison en arabe, il est nécessaire d’avoir de solides connaissances de la langue, car ce sont des notions qui demandent de saisir des concepts abstraits et complexes, avec de grandes subtilités selon les cas.
Or, lorsqu’on enseigne une langue, pour être efficace et progressif, on doit introduire une seule difficulté à la fois.
Ce n’est donc pas possible d’expliquer une terminologie grammaticale ou des règles de conjugaison dans une langue qu’on ne comprend pas.
3) PRINCIPE DE PROGRESSIVITÉ
Pour des débutants, enfants ou adultes, il s’avère très stressant et déstabilisant de n’avoir aucun lien avec sa langue maternelle, surtout au début, en particulier pour la langue arabe, dont la syntaxe et le fonctionnement général est très différent du français.
Par exemple, en arabe, on commence souvent les phrases par le verbe, qui est suivi du sujet. Si l’on veut donc deviner le sens d’une phrase en suivant l’ordre des mots reliés à une image, on pourrait facilement confondre le sujet avec l’action.
C’est donc demander un effort trop intense, lorsqu’on débute, de se focaliser sur la lecture + la compréhension du vocabulaire + la grammaire + la conjugaison.
Dans tout apprentissage, il est donc préférable de se concentrer sur une seule compétence à la fois, et de n’introduire qu’une seule nouvelle notion à la fois.
4) TÉMOIGNAGES
J’ai reçu de nombreux témoignages de personnes qui disent qu’elles ont été découragées par des méthodes dont les consignes étaient dans la même langue que la langue enseignée.
Ils ont beaucoup de peine à comprendre les consignes, voire ne les comprennent pas du tout, disent qu’elles sont obligées de sauter plein d’exercices, et se sentent “nuls”.
Ils n’ont pas l’impression de progresser. Cela décourage de travailler, et ils arrêtent.
Alors que quand c’est une difficulté moyenne, et que l’on comprend ce qu’on doit faire, on arrive à faire les exercices.
C’est encourageant, car on a le sentiment de progresser, sans blocage.
L’image qu’on a de soi lorsqu’on travaille est fondamentale lorsqu’on étudie, car lorsqu’on a l’impression d’être un “looser“, on n’a juste plus envie de faire des efforts pour arriver à quelque chose qui nous semble impossible, et qui nous renvoie une image négative de nous-même.
Quand quelque chose devient trop stressant, on finit par l’éviter, et on mettra en place des stratégies pour l’arrêter.
C’est ce qui arrive malheureusement si fréquemment pour ceux qui pourtant souhaitaient vraiment apprendre l’arabe.
C’est pourquoi il est nécessaire de passer par la langue maternelle, ou une langue connue, pour progresser rapidement lorsqu’on étudie une langue par l’intermédiaire d’un manuel écrit ou par un programme en ligne.
“Oui, lire la traduction, ça rend paresseux…” ai-je entendu …
Et c’est pourquoi, dans les textes que vous étudiez dans nos programmes, nous proposons deux versions, afin d’aider les étudiants à déchiffrer correctement, sans tomber dans la paresse mentale :
1) Une première version uniquement en arabe, avec la traduction française séparée, afin de se concentrer d’abord sur la lecture et laisser la possibilité de traduire sans être influencé par la traduction.
2) Une deuxième version avec la traduction française mot à mot, et des codes couleurs, qui permettent de s’initier progressivement à la grammaire, et de distinguer les différentes catégories de mots : nom, action, particule.
En effet, en arabe, certaines particules sont accolées au nom, et ces codes couleurs permettent de les distinguer et de comprendre facilement le sens de la phrase.
Cette méthode intuitive et innovante abordée dans le Niveau 2, est une étape préliminaire visant à l’acquisition du vocabulaire et une lecture fluide.
Elle précède l’étude de la grammaire et de la conjugaison abordée dans le Niveau 3.