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Quand peut-on lire en arabe sans voyelles ? Arguments linguistiques

Quand et comment peut-on commencer à lire sans voyelles en arabe ?

Les méthodes “modernes”, telles que les Tomes de Médine, sont-elles vraiment efficaces et tiennent-elles leurs promesses ?

Quelles sont les conditions nécessaires pour pouvoir lire sans voyelles ?

L’usage des textes vocalisés dans le monde arabe

La pratique pédagogique dans le monde arabophone exige l’étude de la langue arabe en s’appuyant sur des textes entièrement vocalisés.

Et ce, depuis le jardin d’enfant jusqu’à la fin de la scolarité, avant l’entrée universitaire.

Dans l’article Un débutant peut-il lire sans voyelle : Itinéraire d’un arabophone, nous avons décrit ce parcours, et nous avons montré le bon sens de cette pratique.

La nécessité de la vocalisation démontrée par les arguments linguistiques

Dans le présent article, nous allons le démontrer, en nous appuyant sur les connaissances liées à la langue elle-même, à savoir le vocabulaire, l’orthographe, la conjugaison, la grammaire et le contexte.

1. Le vocabulaire

Pour lire un mot sans voyelles, il faut en principe l’avoir déjà lu ou entendu correctement vocalisé, et l’avoir mémorisé.

Essayons par exemple de lire le mot مدرسة.

Si vous n’avez jamais appris ce mot, vous aurez tendance à le lire de différentes manières, car vous pouvez supposer différentes possibilités de voyelles à mettre sur chaque lettre.

Or, ce mot ne se lit que de deux manières, à savoir : مَدْرَسَةٌ et مُدَرِّسَةٌ .

Certaines personnes croient qu’en ayant maîtrisé la grammaire, ils peuvent vocaliser correctement un mot.

Mais cela n’est vrai que pour la vocalisation de la dernière lettre du mot.

En effet, toutes les lettres qui précèdent, se vocalisent, non suivant une règle, mais selon une vocalisation que vous trouverez dans un dictionnaire vocalisé. Cette vocalisation devra être mémorisée.

Nous vous recommandons pour cela de consulter le meilleur dictionnaire qui est Al-Manhal (arabe-français) اَلْمَنْحَلُ.

Pour bien illustrer ce que nous venons d’expliquer, faisons le même exercice sur un mot en français.

Supposons alors que la langue française s’écrit sans voyelles.

Essayons à présent de lire le mot « PR ».

Pour le lire, il faut bien sûr ajouter une voyelle à chaque consonne.

Seriez-vous capable de le lire correctement, sans risque de vous tromper ?

Les possibilités de lecture de ce mot sont nombreuses.

Pour que vous puissiez le lire, il faut déjà avoir entendu toutes les possibilités correctes que peut présenter ce mot, par exemple : père, pari et péri.

Vous voyez bien qu’il y a plusieurs possibilités de lire correctement ce mot.

Est-ce que vous pouvez lire le mot « PR » sans avoir déjà connu ces possibilités ? Sans les avoir lues ou entendues, puis mémorisées ?

Evidemment, non.

2. L’orthographe

Supposons maintenant que vous savez déjà bien lire.

Cela ne vous empêchera pas de vous tromper, quand il n’y a pas de vocalisation, si vous ne connaissez pas certaines règles d’orthographe.

Lisons par exemple le mot الولد  dans les deux phrases suivantes :

.الولد جاء

« al-waladou djâ-a

.جاء الولد

« djâ-a l-waladou. »

L’enfant est venu.

La première lettre du mot الولد , à savoir le alif ا  , ne se lit pas de la même manière dans les deux phrases précédentes.

Dans la première phrase, la première lettre du mot اَلْوَلَدُ se lit « a » :  اَ, donc on dira :

 اَلْوَلَدُ جَاءَ.

« al-waladou djâ-a

Par contre, dans la deuxième phrase, la première lettre du mot الولد ne se lit pas, donc on l’écrira avec un signe particulier pour signifier cela :  اؐ . Donc on dira :

.جَاءَ اؐلْوَلَدُ

« djâ-a l-waladou »

En effet, la règle dit : « Si le alif de l’article défini est précédé d’un mot, on ne le lit pas. Sinon, on le lit. »

Donc, lire correctement sans voyelle exige déjà une bonne connaissance des règles d’orthographe.

3. Conjugaison

Supposons maintenant que vous ne savez pas conjuguer, et que vous êtes en train de lire صور.

Sachez d’abord que ce mot-là peut se lire de 8 manières différentes :

صَوَّرْتُ

j’ai photographié

صَوَّرْتَ

tu as photographié (au masculin)

صَوَّرْتِ

tu as photographié (au féminin)

صَوَّرَتْ

elle a photographié

صُوِّرْتُ

j’ai été photographié

صُوِّرْتَ

tu as été photographié (au masculin)

صُوِّرْتِ

tu as été photographiée (au féminin)

صُوِّرَتْ

elle a été photographié

On voit bien que si on ne sait pas conjuguer un verbe, il est impossible de le lire correctement.

Il est également nécessaire de connaître la racine active de ce verbe, à savoir :  صَوَّرَ  afin de pouvoir construire sa forme passive, qui est صُوِّرَ .

Et enfin, pour pouvoir construire les schèmes de chacun des deux verbes qui sont respectivement :

 صَوَّرَ  – يُصَوّرُ  – صَوِّرْ

il a photographié – il photographie – photographie (au masculin)

et

يُصَوَّرُ  – صُوِّرَ

il a été photographié – il est photographié

Donc, lire correctement sans voyelle exige déjà une bonne connaissance des règles de la conjugaison arabe.

4. Grammaire

Supposons encore que vous savez déjà bien lire.

Mais cela ne vous empêchera pas de vous tromper, quand il n’y a pas de vocalisation, si vous ne connaissez pas les règles de grammaire.

En effet, il faut savoir qu’en général, à l’exception notamment des verbes et des particules, la dernière lettre du mot en arabe porte une voyelle qui varie selon la fonction grammaticale du mot.

Par exemple, supposons que vous connaissez déjà le mot مدرسة  (une école), ce qui est sûr, c’est que vous n’allez pas vous tromper sur la vocalisation des quatre premières lettres, à savoir « مَدْرَسَ » .

Mais, vous n’êtes pas sûr de bien vocaliser la dernière lettre, si vous ne maîtrisez pas la grammaire, car elle peut se lire de six manières différentes :

مَدْرَسَةٌ
مَدْرَسَةً
مَدْرَسَةٍ
مَدْرَسَةُ
مَدْرَسَةَ
مَدْرَسَةِ

Voici six exemples pour vous montrez cela :

هَـٰذِهِ مَدْرَسَةٌ.

C’est une école.

.دَخَلْتُ مَدْرَسَةً

Je suis entré dans une école.

.كُنْتُ فِي مَدْرَسَةٍ

J’étais dans une école.

هَـٰذِهِ مَدْرَسَةُ اؐلْعَرَبِيَّةِ.

C’est l’école d’arabe.

.دَخَلْتُ مَدْرَسَةَ اؐلْعَرَبِيَّةِ

Je suis entré dans l’école d’arabe.

.كُنْتُ فِي مَدْرَسَةِ اؐلْعَرَبِيَّةِ

J’étais dans l’école d’arabe.

Avant de lire un texte non-vocalisé, vous voyez bien qu’il est nécessaire de maîtriser les règles de grammaire.

5. Le contexte

Supposons finalement que vous maîtrisez le vocabulaire, l’orthographe, la conjugaison et la grammaire.

Mais cela ne vous empêchera pas de vous tromper dans la lecture d’un mot quand il n’est pas vocalisé, si vous n’arrivez pas à connaître le sens de ce mot dans son contexte.

Car un mot non vocalisé se vocalise de différentes manières, et chaque vocalisation donne au mot un sens nouveau.

Cela exige d’avoir compris ce qui a été dit avant ce mot, et aussi ce qui vient juste après.

C’est seulement à ce moment-là que vous pourrez le lire correctement sans voyelle.

Voici un exemple pour illustrer ceci.

Prenons le mot  حكم,  qui peut être lu de cinq manières différentes :

il a jugé
حَكَمَ
il a été jugé
حُكِمَ
un jugement
حُكْمٌ
un arbitre
حَكَمٌ
des sagesses
حِكَمٌ

Vous voyez bien qu’avec chaque vocalisation, le mot prend un sens nouveau.

Quand vous lisez une phrase qui contient ce mot, vous ne pouvez le vocaliser qu’après avoir compris le sens général de la phrase, car c’est cela qui vous permettra de choisir parmi ces cinq possibilités, celle qui convient par sa signification.

Par exemple, dans la phrase :

وَقَفَ حكم فَي اؐلْمَلْعَبِ.

Le mot حكم désigne une personne qui est debout dans le stade.

Donc, parmi les cinq possibilités, celle qui conviendrait par sa signification au sens général de la phrase, ne peut être que le mot « arbitre ». Donc, حَكَمٌ.

Prende le contexte en considération exige une maîtrise de tous les aspects de la langue, comme nous venons de l’expliquer.

Donc, la maîtrise de la lecture, et donc de la vocalisation, ne sera possible qu’après quelques années d’une étude soutenue de textes totalement vocalisés.

Conclusion

En conclusion, pour lire correctement en arabe sans vocalisation, il faut nécessairement avoir exercé la lecture vocalisée pendant des années, avoir bien assimilé les règles d’orthographe, de conjugaison, et de grammaire, et enfin avoir étudié de nombreux textes totalement vocalisées dans des thèmes très variés.

De plus, il faut avoir mémorisé suffisamment de vocabulaire.

Donc, toutes les méthodes qui prétendent pouvoir enseigner la lecture de l’arabe sans passer par les voyelles sont fausses.

Vous n’avez qu’à faire l’expérience vous-même, bien que nous vous avons donné tous les arguments rationnels pour démontrer notre approche.

Celle-ci étant fondée sur une pratique millénaire prouve bien que la méthode traditionnelle n’est pas archaïque, mais au contraire, tout à fait justifiée.

Sachez qu’en général, ceux qui ont appris par la méthode traditionnelle maîtrisent mieux la langue arabe dans tous ses aspects, y compris la lecture sans voyelles.

En revanche, on constate que ceux qui ont appris à lire par des méthodes « modernes » qui se passent totalement ou partiellement de la vocalisation, ne cessent de faire des erreurs durant toute leur vie, quand ils parlent, qu’ils lisent ou qu’ils écrivent.

C’est pourquoi, devant l’absence de méthode entièrement vocalisée, et qui permettrait aux étudiants de la langue arabe d’apprendre sans embûches et sans perte de temps, nous avons conçu des supports répondant entièrement aux critères d’une maîtrise de la langue.

Cela ne sera possible sans deux traductions : l’une mot à mot, et l’autre adaptée.

La traduction mot à mot permet d’éviter de longues recherches dans un dictionnaire, exercice impraticable pour un débutant, comme nous le verrons dans un prochain article.

La traduction adaptée permet de saisir le sens général de la phrase ou du texte.

Pour prendre connaissance de notre méthode, cliquez ici.

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