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Citations célèbres sur l’Islam (Penseurs occidentaux et orientaux)

MONTESQUIEU et l’Islam
VOLTAIRE et l’Islam
Friedrich NIETZSCHE et l’Islam
NAPOLEON et l’Islam
Alphonse DE LAMARTINE et l’Islam
Victor HUGO et l’Islam
Gustave LEBON et l’Islam
GHANDI et l’Islam
GIDE et l’Islam
Arthur RIMBAUD et l’Islam
George Bernard SHAW et l’Islam
Léo TOLSTOÏ et l’Islam
Auguste COMTE et l’Islam

MONTESQUIEU
(1689 – 1755)

LETTRE Persane XXXIX.
HAGI IBBI AU JUIF BEN JOSUE,
PROSELYTE MAHOMETAN.
A Smyrne.

Il me semble, Ben Josué, qu’il y a toujours des signes éclatants qui préparent à la naissance des hommes extraordinaires; comme si la nature souffrait une espèce de crise, et que la puissance céleste ne produisît qu’avec effort.

Il n’y a rien de si merveilleux que la naissance de Mahomet. Dieu, qui par les décrets de sa providence avait résolu dès le commencement d’envoyer aux hommes ce grand prophète pour enchaîner Satan, créa une lumière deux mille ans avant Adam, qui, passant d’élu en élu, d’ancêtre en ancêtre de Mahomet, parvint enfin jusques à lui comme un témoignage authentique qu’il était descendu des patriarches.

Ce fut aussi à cause de ce même prophète que Dieu ne voulut pas qu’aucun enfant fût conçu, que la nature de la femme ne cessât d’être immonde, et que le membre viril ne fût livré à la circoncision.

Il vint au monde circoncis, et la joie parut sur son visage dès sa naissance; la terre trembla trois fois, comme si elle eût enfanté elle-même; toutes les idoles se prosternèrent; les trônes des rois furent renversés; Lucifer fut jeté au fond de la mer; et ce ne fut qu’après avoir nagé pendant quarante jours qu’il sortit de l’abîme, et s’enfuit sur le mont Cabès, d’où, avec une voix terrible, il appela les anges.

Cette nuit, Dieu posa un terme entre l’homme et la femme, qu’aucun d’eux ne pût passer. L’art des magiciens et nécromants se trouva sans vertu. On entendit une voix du ciel qui disait ces paroles: J’ai envoyé au monde mon ami fidèle.

Selon le témoignage d’Isben Aben, historien arabe, les générations des oiseaux, des nuées, des vents, et tous les escadrons des anges, se réunirent pour élever cet enfant, et se disputèrent cet avantage. Les oiseaux disaient dans leurs gazouillements qu’il était plus commode qu’ils l’élevassent, parce qu’ils pouvaient plus facilement rassembler plusieurs fruits de divers lieux. Les vents murmuraient, et disaient: C’est plutôt à nous, parce que nous pouvons lui apporter de tous les endroits les odeurs les plus agréables.

Non, non, disaient les nuées, non; c’est à nos soins qu’il sera confié, parce que nous lui ferons part à tous les instants de la fraîcheur des eaux. Là-dessus les anges indignés s’écriaient: Que nous restera-t-il donc à faire? Mais une voix du ciel fut entendue, qui termina toutes les disputes: Il ne sera point ôté d’entre les mains des mortels, parce que heureuses les mamelles qui l’allaiteront, et les mains qui le toucheront, et la maison qu’il habitera, et le lit où il reposera.

Après tant de témoignages si éclatants, mon cher Josué, il faut avoir un coeur de pierre pour ne pas croire sa sainte loi. Que pouvait faire davantage le ciel pour autoriser sa mission divine, à moins que de renverser la nature, et de faire périr les hommes mêmes qu’il voulait convaincre?

A Paris, le 20 de la lune de Rhégeb, 1713.

VOLTAIRE
Ecrivain et philosophe francais (1694- 1778)

Au départ, Voltaire était très hostile à l’islam. La pièce théâtrale « Mahomet, ou le fanatisme » composée en 1742, était considérée comme le parfait exemple pour dépeindre le personnage du Prophète Mohammed (SBDL).

« Mahomet le fanatique, le cruel, le fourbe, et, à la honte des hommes, le grand, qui de garçon marchand devient prophète, législateur et monarque. » Recueil des Lettres de Voltaire (1739-41),

Goethe, qui avait traduit la pièce en allemand pour complaire à son maître, le prince Charles-Auguste de Weimar, parla de ce sujet à Napoléon qu’il rencontra à Erfut. L’Empereur rétorqua :

« Je n’aime pas cette pièce, c’est une caricature !

– Je suis de l’avis de Votre Majesté, j’ai fait ce travail à contre-cœur. Mais dans cette tragédie, dans ces tirades contre le fanatisme, ce n’est pas l’islam qui était visé, mais l’Église catholique.

– Les allusions, dit Napoléon, sont tellement voilées que cet impertinent a pu dédier son œuvre au pape… qui lui a donné sa bénédiction.» (1).

Mais au fur et à mesure, Voltaire va faire ses recherches personnelles et délaisser les vieux ouvrages sur les musulmans que propageaient l’église. Voltaire se détache des sources héritées du Moyen Âge et sa perspective change radicalement.

C’est en travaillant en véritable historien, sur son Charles XII, que Voltaire forgea ses idées sur le monde musulman et plus particulièrement sur les Ottomans.

L’évolution de Voltaire sur l’islam arrive à son point culminant avec l’Examen important de milord Bolingbroke, ou le tombeau du fanatisme, intégré au Recueil nécessaire, en 1766. Dans cet écrit, il fustige sévèrement le christianisme et fait l’éloge du Prophète Mohammed (SBDL) qui établit un culte qui « était sans doute, plus sensé que le christianisme».

Voltaire accuse et attaque le christianisme qu’il considère comme « la plus ridicule, la plus absurde et la plus sanglante religion qui ait jamais infecté le monde. » (Lettre à Frédéric II, roi de Prusse, datée du 5 janvier 1767). Par contraste, il vante la doctrine musulmane pour sa grande simplicité : « Il n’y a qu’un Dieu et Mahomet est son prophète. »

« Chanoines, moines, curés même, dit Voltaire, si on vous imposait la loi de ne manger ni boire depuis quatre heures du matin jusqu’à dix heures du soir, pendant le mois de juillet, lorsque le carême arriverait dans ce temps ; si on vous défendait de jouer à aucun jeu de hasard sous peine de damnation ; si le vin vous était interdit sous la même peine ; s’il vous fallait faire un pèlerinage dans des déserts brûlants ; s’il vous était enjoint de donner au moins deux et demi pour cent de votre revenu aux pauvres ; si, accoutumés à jouir de dix-huit femmes, on vous en retranchait tout d’un coup quatorze ; en bonne foi, oseriez-vous appeler cette religion sensuelle ? » Et la fin de son article est une leçon qui déteste et rejette la caricature : « Il faut combattre sans cesse. Quand on a détruit une erreur, il se trouve toujours quelqu’un qui la ressuscite.» (dictionnaire philosophique 1764)

La dernière phase de Voltaire sur l’islam se situe entre 1768 et 1772. Il revient sur certaines de ses positions intransigeantes concernant le christianisme, sans renoncer à ses convictions dans l’enseignement de l’islam : « Sa religion est sage, sévère, chaste et humaine : sage puisqu’elle ne tombe pas dans la démence de donner à Dieu des associés, et qu’elle n’a point de mystère ; sévère puisqu’elle défend les jeux de hasard, le vin et les liqueurs fortes, et qu’elle ordonne la prière cinq fois par jour ; chaste, puisqu’elle réduit à quatre femmes ce nombre prodigieux d’épouses qui partageaient le lit de tous les princes de l’Orient ; humaine, puisqu’elle nous ordonne l’aumône, bien plus rigoureusement que le voyage de La Mecque. Ajoutez à tous ces caractères de vérité, la tolérance. »

Depuis 1742, date à laquelle Voltaire a présenté sa pièce de théâtre « Mahomet » à la Comédie française, le chemin parcouru est long. Ce jour-là, il attaquait « le fondateur de l’islam » pour montrer comment les religions ont été établies. Puis vingt-huit années plus tard, en 1770, il le défend pour soutenir que « d’autres peuples pouvaient penser mieux que les habitants de ce petit tas de boue que nous appelons Europe ».

« Il n’y a point de religion dans laquelle on n’ait recommandé l’aumône. La mahométane est la seule qui en ait fait un précepte légal, positif, indispensable. L’Alcoran [le Coran] ordonne de donner deux et demi pour cent de son revenu, soit en argent, soit en denrées. La prohibition de tous les jeux de hasard est peut-être la seule loi dont on ne peut trouver d’exemple dans aucune religion.
Toutes ces lois qui, à la polygamie près, sont si austères, et sa doctrine qui est si simple, attirèrent bientôt à la religion, le respect et la confiance. Le dogme surtout de l’unité d’un Dieu présenté sans mystère, et proportionné à l’intelligence humaine, rangea sous sa loi une foule de nations et, jusqu’à des nègres dans l’Afrique, et à des insulaires dans l’Océan indien.
Le peu que je viens de dire dément bien tout ce que nos historiens, nos déclamateurs et nos préjugés nous disent : mais la vérité doit les combattre
 (2)

« Le plus grand changement que l’opinion ait produit sur notre globe fut l’établissement de la religion de Mahomet. Ses musulmans, en moins d’un siècle, conquirent un empire plus vaste que l’empire romain. Cette révolution, si grande pour nous, n’est, à la vérité, que comme un atome qui a changé de place dans l’immensité des choses, et dans le nombre innombrable de mondes qui remplissent l’espace; mais c’est au moins un événement qu’on doit regarder comme une des roues de la machine de l’univers, et comme un effet nécessaire des lois éternelles et immuables: car peut-il arriver quelque chose qui n’ait été déterminé par le Maître de toutes choses? Rien n’est que ce qui doit être. (3)

Ce fut certainement un très grand homme, et qui forma de grands hommes. Il fallait qu’il fût martyr ou conquérant, il n’y avait pas de milieu. Il vainquit toujours, et toutes ses victoires furent remportées par le petit nombre sur le grand. Conquérant, législateur, monarque et pontife, il joua le plus grand rôle qu’on puisse jouer sur la terre aux yeux du commun des hommes. (4)

J’ai dit qu’on reconnut Mahomet pour un grand homme; rien n’est plus impie, dites-vous. Je vous répondrai que ce n’est pas ma faute si ce petit homme a changé la face d’une partie du monde, s’il a gagné des batailles contre des armées dix fois plus nombreuses que les siennes, s’il a fait trembler l’empire romain, s’il a donné les premiers coups à ce colosse que ses successeurs ont écrasé, et s’il a été législateur de l’Asie, de l’Afrique, et d’une partie de l’Europe. (5)

  • Jean Prieur, Muhammad, Prophète d’Orient et d’Occident, Éditions du Rocher, Paris 2003, p 215.
  • Voltaire, Essai sur les mœurs, in Faruk Bilici, op. cit.
  • « Remarque pour servir de supplément à l’Essais sur les Mœurs » (1763), dans Oeuvres complètes de Voltaire, Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 24, chap. IX-De Mahomet, p. 588
  • « Remarque pour servir de supplément à l’Essais sur les Mœurs » (1763), dans Oeuvres complètes de Voltaire,
  • Voltaire a composé cette lettre en 1760 en réponse à la “Critique de l’Histoire universelle de M. de Voltaire, au sujet de Mahomet et du mahométisme”

Friedrich NIETZSCHE
Philosophe et un philologue prussien (1844 – 1900)

« Le christianisme nous a frustrés de la moisson de la culture antique, et, plus tard, il nous a encore frustrés de celle de la culture islamique. La merveilleuse civilisation maure d’Espagne, au fond plus proche de nous, parlant plus à nos sens et à notre goût que Rome et la Grèce, a été foulée aux pieds (et je préfère ne pas penser par quels pieds!)

– Pourquoi? Parce qu’elle devait le jour à des instincts aristocratiques, à des instincts virils, parce qu’elle disait oui à la vie, avec en plus, les exquis raffinements de la vie maure!…

Les croisés combattirent plus tard quelque chose devant quoi ils auraient mieux fait de se prosterner dans la poussière […]

Voyons donc les choses comme elles sont! Les croisades? Une piraterie de grande envergure, et rien de plus! […]

La noblesse allemande est à peu près absente de l’histoire de la culture supérieure: on en devine la cause…

Le christianisme, l’alcool – les deux grands moyens de corruption…

En soi, on ne devrait même pas avoir à choisir entre l’islam et le christianisme, pas plus qu’entre un Arabe et un Juif. La réponse est donnée d’avance: ici, nul ne peut choisir librement. Soit on est un tchandala, soit on ne l’est pas. «Guerre à outrance avec Rome! Paix et amitié avec l’Islam

C’est ce qu’a senti, c’est ce qu’a fait ce grand esprit fort, le seul génie parmi les empereurs allemands, Frédéric II [Hohenstauffen].

L’Antéchrist (1888), Friedrich Nietzsche

Si l’Islam méprise le christianisme, il a mille fois raison: l’Islam suppose des hommes pleinement virils.

L’Antéchrist (1888), Friedrich Nietzsche

NAPOLÉON
(1769 – 1821) Empereur Francais

Voici les dires de Napoléon Bonaparte sur les 3 religions monothéistes :

Judaisme :

“Moïse a reçu de Dieu, un message pour guider les hébreux sur le droit chemin.

Mais conséquemment, ces derniers ont gardé pour eux-seuls les merveilleux enseignements de Moïse (p).

Ils ont détourné ce message pour le confiner à “une race d’élus de Dieu”, au lieu d’en faire profiter le monde.”

Christianisme :

Puis vint Jésus. Jésus a souligné une belle vérité sur Dieu.

Il a dit que Dieu est Unique et que vous devez l’aimer de tout votre cœur,
et aimer votre voisin comme vous même.

Mais, après la mort de Jésus, un groupe de politiciens, de Rome, a vu dans cette religion, une possibilité de contrôler une masse importante de gens.

Ils ont donc élevé Jésus au rang de Dieu, et partie de Dieu Lui-même. Ils ont ensuite donné à Dieu des partenaires. Ils étaient maintenant trois en un.

Islam :

-Puis enfin, à un certain moment de l’histoire, apparut un homme appelé “Mohamed”.

Et cet homme a dit la même chose que Moïse, Jésus, et tous les autres prophètes : il n’y a qu’Un Dieu.

C’était le message de l’Islam. L’Islam est la vraie religion.

Plus les gens liront et deviendront intelligent, plus ils se familiariseront avec la logique et le raisonnement.

Ils abandonneront les idoles, ou les rituels qui supportent le polythéisme, et ils reconnaîtront qu’il n’y a qu’Un Dieu.

Et par conséquent, j’espère que le moment ne tardera pas où l’Islam prédominera le monde, car il prédominera le monde.

 

“Pour que l’ouvrage de Mahomet soit vraiment digne de la scène française, il faut qu’il puisse être lu sana indignation aux yeux des hommes éclairés de Constantinople comme de Paris. Mahomet fut un grand homme, intrépide soldat : avec une poignée de monde il triompha au combat de Bender; grand capitaine, éloquent, grand homme d’état, il régénéra sur patrie, et créa au milieu des déserts de l’Arabie un nouveau peuple et une nouvelle puissance.” 1836 ; Fragmens Divers ; Observations sur la tragédie de Mahomet par Voltaire ; page 249

 

Napoléon Bonaparte a déclaré qu’il était musulman :

“L’Islam attaque spécialement les idolâtres; il n’y a point d’autre dieu que Dieu, et Mahomet est son Prophète; voilà le fondement de la religion musulmane; c’était le point le plus essentiel: consacrer la grande vérité annoncée par Moïse et confirmée par Issa Jésus. (…) Il n’y a pas d’autre dieu que Dieu et Mahomet est son Prophète.

(…) Je suis, moi, musulman unitaire et (que) je glorifie le Prophète. (…) J’espère que le moment ne tardera pas où je pourrai réunir tous les hommes sages et instruits du pays, et établir un régime uniforme, fondé sur les principes de l’Alcoran (Islam – nda), qui sont les seuls vrais et qui peuvent seuls faire le bonheur des hommes.”

Source : Correspondance de Napoléon, Journal de Sainte Hélène

 

Alphonse De LAMARTINE
Poète, écrivain, historien et un homme politique français 
(1790 – 1869)

« Jamais un homme ne se proposa, volontairement ou involontairement, un but plus sublime, puisque ce but était surhumain :

Saper les superstitions interposées entre la créature et le Créateur, rendre Dieu à l’homme et l’homme à Dieu, restaurer l’idée rationnelle et sainte de la divinité dans ce chaos de dieux matériels et défigurés de l’idolâtrie…

Jamais homme n’accomplit en moins de temps une si immense et durable révolution dans le monde… »

« Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l’immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l’homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l’histoire moderne à Mahomet ?

Les plus fameux n’ont remués que des armes, des lois, des empires; ils n’ont fondé, quand ils ont fondés quelque chose, que des puissances matérielles, écroulées souvent avant eux.

Celui-là a remué des armées, des législations, des empires, des peuples, des dynasties, des millions d’hommes sur un tiers du globe habité ; mais il a remué, de plus, des idées, des croyances, des âmes.

Il a fondé sur un Livre, dont chaque lettre est devenue une loi, une nationalité spirituelle qui englobe des peuples de toutes les langues et de toutes les races, et il a imprimé, pour caractère indélébile de cette nationalité musulmane, la haine des faux dieux et la passion du Dieu un et immatériel.

Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant d’idées, restaurateur de dogmes rationnels, d’un culte sans images, fondateur de vingt empires terrestres et d’un empire spirituel, voilà Mahomet. À toutes les échelles où l’on mesure la grandeur humaine, quel homme fut plus grand ? »

« Il a fondé une nationalité spirituelle (…), la haine des faux dieux, et la passion du Dieu un et immatériel. Ce patriotisme vengeur des profanations du ciel fut la vertu des enfants de Mahomet (les musulmans); la conquête du tiers de la terre à son dogme fut son miracle, ou plutôt ce ne fut pas le miracle d’un homme, ce fut celui de la raison.

L’idée de l’unité de Dieu, proclamée dans la lassitude des théogonies fabuleuses, avait en elle-même une telle vertu, qu’en faisant explosion sur ses lèvres elle incendia tous les vieux temples des idoles et alluma de ses lueurs un tiers du monde. »

(« Histoire de la Turquie » 1er Tome).

VICTOR HUGO
Ecrivain, poète, homme politique français (1802 – 1885)

“La Légende des siècles”
Première série
III
L’Islam

L’An neuf de l’Hégire

Comme s’il pressentait que son heure était proche,
Grave, il ne faisait plus à personne un reproche ;
Il marchait en rendant aux passants leur salut ;
On le voyait vieillir chaque jour, quoiqu’il eût
À peine vingt poils blancs à sa barbe encor noire ;
Il s’arrêtait parfois pour voir les chameaux boire,
Se souvenant du temps qu’il était chamelier.

Il semblait avoir vu l’Éden, l’âge d’amour,
Les temps antérieurs, l’ère immémoriale.
Il avait le front haut, la joue impériale,
Le sourcil chauve, l’œil profond et diligent,
Le cou pareil au col d’une amphore d’argent,
L’air d’un Noé qui sait le secret du déluge.
Si des hommes venaient le consulter, ce juge
Laissant l’un affirmer, l’autre rire et nier,
Écoutait en silence et parlait le dernier.
Sa bouche était toujours en train d’une prière ;
Il mangeait peu, serrant sur son ventre une pierre ;
Il s’occupait lui-même à traire ses brebis ;
il s’asseyait à terre et cousait ses habits.
Il jeûnait plus longtemps qu’autrui les jours de jeûne,
Quoiqu’il perdît sa force et qu’il ne fût plus jeune.

À soixante-trois ans, une fièvre le prit.
Il relut le Koran de sa main même écrit,
Puis il remit au fils de Séid la bannière,
En lui disant : « Je touche à mon aube dernière,
Il n’est pas d’autre Dieu que Dieu. Combats pour lui. »

Et son œil, voilé d’ombre, avait ce morne ennui
D’un vieux aigle forcé d’abandonner son aire.
Il vint à la mosquée à son heure ordinaire,
Appuyé sur Ali, le peuple le suivant ;
Et l’étendard sacré se déployait au vent.

Là, pâle, il s’écria, se tournant vers la foule :
« Peuple, le jour s’éteint, l’homme passe et s’écoule ;
La poussière et la nuit, c’est nous. Dieu seul est grand.
Peuple, je suis l’aveugle et je suis l’ignorant.
Sans Dieu je serais vil plus que la bête immonde. »

Un scheik lui dit :« Ô chef des vrais croyants ! le monde,
Sitôt qu’il t’entendit, en ta parole crut ;
Le jour où tu naquis une étoile apparut,
Et trois tours du palais de Chosroès tombèrent. »

Lui, reprit : « Sur ma mort les anges délibèrent ;
L’heure arrive. Écoutez. Si j’ai de l’un de vous
Mal parlé, qu’il se lève, ô peuple, et devant tous
Qu’il m’insulte et m’outrage avant que je m’échappe ;
Si j’ai frappé quelqu’un, que celui-là me frappe. »

Et, tranquille, il tendit aux passants son bâton.
Une vieille, tondant la laine d’un mouton,
Assise sur un seuil, lui cria : « Dieu t’assiste ! »

Il semblait regarder quelque vision triste,
Et songeait ; tout à coup, pensif, il dit : « Voilà,
Vous tous : je suis un mot dans la bouche d’Allah ;
Je suis cendre comme homme et feu comme prophète.

J’ai complété d’Issa la lumière imparfaite.
Je suis la force, enfants ; Jésus fut la douceur.
Le soleil a toujours l’aube pour précurseur.
Jésus m’a précédé, mais il n’est pas la Cause.
Il est né d’une vierge aspirant une rose.

Mais les hommes surtout ont fait saigner ma vie ;
Ils ont jeté sur moi leur haine et leur envie,
Et, comme je sentais en moi la vérité,
Je les ai combattus, mais sans être irrité ;
Et, pendant le combat, je criais : « Laissez faire !»

Je suis seul, nu, sanglant, blessé ; je le préfère.
Qu’ils frappent sur moi tous ! que tout leur soit permis !
Quand même, se ruant sur moi, mes ennemis
Auraient, pour m’attaquer dans cette voie étroite,
Le soleil à leur gauche et la lune à leur droite,
Ils ne me feraient point reculer ! C’est ainsi
Qu’après avoir lutté quarante ans, me voici
Arrivé sur le bord de la tombe profonde,
Et j’ai devant moi Dieu, derrière moi le monde.

Quant à vous qui m’avez dans l’épreuve suivi,
Comme les Grecs Hermès et les Hébreux Lévi,
Vous avez bien souffert, mais vous verrez l’aurore.

Après la froide nuit, vous verrez l’aube éclore ;
Peuple, n’en doutez pas ; celui qui prodigua
Les lions aux ravins du Jebel Kronnega,
Les perles à la mer et les astres à l’ombre,
Peut bien donner un peu de joie à l’homme sombre. »

Il ajouta : « Croyez, veillez ; courbez le front.
Ceux qui ne sont ni bons ni mauvais resteront
Sur le mur qui sépare Éden d’avec l’abîme,
Étant trop noirs pour Dieu, mais trop blancs pour le crime ;

Presque personne n’est assez pur de péchés
Pour ne pas mériter un châtiment ; tâchez,
En priant, que vos corps touchent partout la terre ;

L’enfer ne brûlera dans son fatal mystère
Que ce qui n’aura point touché la cendre, et Dieu
À qui baise la terre obscure, ouvre un ciel bleu ;

Soyez hospitaliers ; soyez saints ; soyez justes ;
Là-haut sont les fruits purs dans les arbres augustes ;
Les chevaux sellés d’or, et, pour fuir aux sept cieux,
Les chars vivants ayant des foudres pour essieux ;
Chaque houri, sereine, incorruptible, heureuse,
Habite un pavillon fait d’une perle creuse ;
Le Gehennam attend les réprouvés ; malheur !
Ils auront des souliers de feu dont la chaleur
Fera bouillir leur tête ainsi qu’une chaudière.
La face des élus sera charmante et fière. »

Il s’arrêta, donnant audience à l’esprit.
Puis, poursuivant sa marche à pas lents, il reprit :
« Ô vivants ! je répète à tous que voici l’heure
Où je vais me cacher dans une autre demeure ;
Donc, hâtez-vous. Il faut, le moment est venu,
Que je sois dénoncé par ceux qui m’ont connu,
Et que, si j’ai des torts, on me crache au visage. »

La foule s’écartait muette à son passage.
Il se lava la barbe au puits d’Aboulféia.
Un homme réclama trois drachmes, qu’il paya,
Disant : « Mieux vaut payer ici que dans la tombe. »

L’œil du peuple était doux comme un œil de colombe
En regardant cet homme auguste, son appui ;
Tous pleuraient ; quand, plus tard, il fut rentré chez lui,
Beaucoup restèrent là sans fermer la paupière,
Et passèrent la nuit couchés sur une pierre.

Le lendemain matin, voyant l’aube arriver :
« Aboubèkre, dit-il, je ne puis me lever,
Tu vas prendre le livre et faire la prière. »
Et sa femme Aïscha se tenait en arrière ;
Il écoutait pendant qu’Aboubèkre lisait,
Et souvent à voix basse achevait le verset ;
Et l’on pleurait pendant qu’il priait de la sorte.

Et l’ange de la mort vers le soir à la porte
Apparut, demandant qu’on lui permît d’entrer.
« Qu’il entre. » On vit alors son regard s’éclairer
De la même clarté qu’au jour de sa naissance ;
Et l’ange lui dit : « Dieu désire ta présence.
— Bien, » dit-il. Un frisson sur ses tempes courut,
Un souffle ouvrit sa lèvre, et Mahomet mourut.

 

L’amour est une respiration céleste de l’air du paradis.

Penser, voilà le triomphe vrai de l’âme. 

Cœurs profonds, esprits sages, prenez la vie comme Dieu le fait ;
c’est une longue épreuve, une préparation inintelligible à la destinée inconnue.
Cette destinée, la vraie, commence pour l’homme à la première marche de l’intérieur du tombeau.
Alors il lui apparaît quelque chose, et il commence à distinguer le définitif.
Le définitif, songez à ce mot.
Les vivants voient l’infini ; le définitif ne se laisse voir qu’aux morts.
En attendant, aimez et souffrez, espérez et contemplez.
Malheur, hélas ! à qui n’aura aimé que des corps, des formes, des apparences !
La mort lui ôtera tout.
Tâcher d’aimer des âmes, vous les retrouverez.

Dans : Les Misérables”

 

Dieu est derrière tout, mais tout cache Dieu.

Victor Hugo, éd. J. Hetzel et A. Quantin, 1882, partie IV, chap. 4, p. 193

Notre Dame de Paris, Victor Hugo – Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome II.djvu/246

 

 

GOETHE
Poète, romancier, scientifique allemand (
1749 – 1832)  

«Aussi souvent que nous le lisons (le Coran), au départ et à chaque fois, il nous repousse.

Mais soudain il séduit, étonne et finit par forcer notre révérence.

Son style, en harmonie avec son contenu et son objectif, est sévère, grandiose, terrible, à jamais sublime.

Ainsi ce livre continuera d’exercer une forte influence sur les temps à venir. »

Goethe, 1819, West-Oestlicher Divan, dans Dictionary of Islam (1885), paru chez Laurier Books Ltd, 1996, p. 526, Thomas Patrick Hughes.

« C’est dans l’Islam que je trouve le mieux exprimées mes propres idées. »

Goethe, 20 septembre 1820, Lettre à Zelter, dans Goethe et l’Islam, paru dans Studia Islamica, No. 33 (1971), p. 151, G.-H. Bousquet.

Gustave LE BON
Anthropologue, psychologue social, sociologue et scientifique amateur français 
(1841 – 1931)

« S’il faut juger de la valeur des hommes par la grandeur des œuvres qu’ils ont fondées, nous pouvons dire que Mahomet fut un des plus grands hommes qu’ait connus l’histoire.

Des préjugés religieux ont empêché bien des historiens de reconnaître l’importance de son oeuvre ; mais les écrivains chrétiens eux-mêmes commencent aujourd’hui à lui rendre justice. »

La Civilisation des Arabes (1884), Gustave Le Bon, éd. La Fontaine au Roy, 1990, Livre deuxième, chapitre premier, Mahomet, p. 76

« Mahomet a été le plus intelligent, le plus religieux, le plus clément des Arabes de son temps. Il n’a dû son empire qu’à sa supériorité. La religion prêchée par lui a été un immense bienfait pour les races qui l’ont adoptée. »

Mahomet et le Coran (1865), Jules Barthélemy Saint-Hilaire, éd. Didier et cie, 1865, p. 82

 

GANDHI
Dirigeant politique, guide spirituel important de l’Inde 
(1869 – 1948)

« Je suis désormais plus que jamais convaincu que ce n’était pas l’épée qui créait une place pour l’Islam dans le cœur de ceux qui cherchaient une direction à leur vie.

C’était cette grande humilité, cet altruisme du prophète, l’égard scrupuleux envers ses engagements, sa dévotion intense à ses amis et adeptes, son intrépidité, son courage, sa confiance absolue en Dieu et en sa propre mission. 

Trois passants considérables devant la source coranique : Hugo, Rimbaud, Gide

Référence 

Michael HART

Michael Hart, auteur de l’ouvrage ‘’Les 100 personnes les plus influentes dans l’histoire’’ a dit : « J’ai choisi Mohammed comme leader de cette liste … car Mohammed, sur lui la paix, est le seul homme dans l’histoire qui a totalement réussi tant sur le plan religieux que temporel ».

 

Annie BESANT

Annie Besant a dit : « Il est impossible qu’un individu qui étudie la personnalité du grand Prophète des Arabes, comment il a vécu et a éduqué les gens, ne ressente pas une profonde estime et un grand respect pour cet honorable Prophète, l’un des grands Messagers d’Allah. »

George Bernard SHAW

 (prix Nobel de littérature en 1925)

“Ce dont le monde a le plus besoin est un homme qui a l’esprit de Mohammed.

Les hommes religieux dans le Moyen-âge, par ignorance et par fanatisme, ont propagé une image obscure de la religion de Muhammad qu’ils ont considéré comme l’ennemi du christianisme.

Mais après avoir eu connaissance de l’histoire de cet homme, j’ai trouvé que c’est un prodige exceptionnel et j’ai conclu qu’il n’est pas l’ennemi du christianisme mais le sauveur de l’humanité.

Selon mon opinion, s’il avait à se charger des affaires de ce monde actuel, il résoudrait tous nos problèmes et assurerait la paix et le bonheur que le monde entier espère.”  

The Genuine Islam Vol. 1, N° 8, 1936

Autres références

"Je crois que l'Empire britannique tout entier adoptera un mahométanisme réformé avant la fin du siècle. Le caractère de Mahomet m'est sympathique.
Je l'admire, et je partage sa vision de la vie dans une large mesure." 

Getting Married" George Bernard Shaw


Léon TOLSTOÏ

Auteur de "Guerre et Paix", "Anna Karénine", "Résurrection", "De la vie" 

"Mohammed est toujours au-dessus de l’Evangélisme (des Chrétiens). Il ne prend pas l’homme pour Allah et ne s’identifie pas à Allah. 

Les Musulmans n’ont pas d’autre dieu qu’Allah, et Mohammed est Son Messager. Il n’y a aucun mystère  et secret ici."

“… Pour moi le Mahométanisme est de beaucoup supérieur au fait d’adorer la croix (le Christianisme), voire je ne peux pas le comparer avec le Christianisme. Si l’homme avait le droit de choisir, chaque Proslav (une branche du Christianisme en Russie) rationnel, sans aucun doute et sans hésitation embrasserait  le Mahométanisme, l’Unique Allah et Son Prophète… ” Lev Nikolaïevitch Tolstoï 

 

Certains exemples des hadiths publiés dans le livret de Tolstoï :

“Ce que vous voulez pour vous-même, demandez-le pour les autres aussi ; ne veuillez  pas pour autrui ce que vous ne voudriez pas pour vous-même.”

***

“O mon Seigneur. Je veux de Toi Ton amour, l’amour de ceux qui T’aiment et le bon acte qui m’amènera  à Ton amour. O mon Allah ! Fais de Ton amour plus cher que mon soi inférieur, ma famille, mes biens et de l’eau froide.”

***

“N’offense personne. Même si quelqu’un t’offense et dévoile tes  défauts, ne révèle pas, ne diffuse pas ses vices.”

***

“Quiconque fait miséricorde aux créatures d’Allah, Allah lui fera miséricorde. Faites du bien aux gens sans égard à leur bonté et à leur méchanceté.”

***

“Allah récompense ceux qui s’abstiennent de laisser voir leur colère et qui réfrènent leur colère.”

***

“L’adoration signifie l’atteinte de l’âme du croyant qui prie, à Allah.”

***

“La mort est un pont, elle fait joindre l’ami à son ami.”

***

“Lorsque vous parlez, dites la vérité ; lorsque vous promettez, tenez vos promesses, payez vos dettes ; ne tombez pas dans l’égarement dans vos idées et vos travaux ; préservez vos mains du gaspillage et des choses mauvaises.”

Auguste COMTE

Source


à suivre…

 

 

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